Ma dyslexie m’a poussé à me dépasser, pas à me freiner
Florian Leguy, Responsable du pôle Conseil chez Stonal
Florian, tu parles ouvertement de ta dyslexie. Comment cela a-t-il influencé ton parcours ?
Être dyslexique m’a boosté, vraiment. Quand j’étais à l’école, je n’avais pas envie d’avoir à réexpliquer sans cesse ce qu’était ma pathologie, ni qu’on me regarde avec pitié. Je voulais avancer comme tout le monde, voire plus vite. Alors j’ai travaillé deux fois plus, parce que je ne voulais pas redoubler. J’ai pris ma dyslexie comme un défi personnel.
Avant de continuer, un mot d’explication :
La dyslexie est un trouble spécifique de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Elle n’a rien à voir avec l’intelligence ou les capacités de compréhension, mais elle rend le déchiffrage, l’orthographe ou la rédaction plus difficiles. Dans le cas de Florian, il est dyslexique et dysorthographique, ce qui signifie que lire et écrire demandent un effort constant — un effort qu’il a transformé en moteur. Le diagnostic a été posé lorsqu’il était en CE2, à une époque où ces troubles étaient encore mal connus. L’accompagnement s’est mis en place progressivement, grâce à la persévérance de ses parents, qui ont su mobiliser et sensibiliser un corps enseignant peu formé à ces questions.
👉 Pour en savoir plus sur ces troubles : Fédération Française des DYS
Tu dis que ta dyslexie est aussi ta force. Qu’entends-tu par là ?
Ma dyslexie, c’est ce qui m’a construit. Elle m’a obligé à m’affirmer, à trouver mes propres méthodes, à développer une vraie résilience. Aujourd’hui, je pense que je suis capable d’en faire peut-être plus que les autres, parce que j’ai un sens de l’effort très ancré. Quand tu dois compenser, tu apprends à être rigoureux, à anticiper, à persévérer.
Et puis, ça m’a aussi donné un regard différent. Je vois les choses globalement, je fais plus facilement des liens entre les sujets, et je crois que c’est devenu une vraie force dans mon métier de consultant.
Comment as-tu été accueilli dans le monde professionnel ?
Dans ma première boîte, ils m’ont recruté parce que j’étais dyslexique, ce qui m’a surpris ! Pour eux, c’était un atout. Ils m’ont dit : “Faire relire un texte, c’est facile. Mais écrire un contenu pertinent, avec du fond et de la vision, c’est beaucoup plus rare.” Cette phrase m’a marqué. C’était la première fois qu’on me disait que ma différence était une richesse.
Et chez Stonal, comment vis-tu ton quotidien ?
Il y a une vraie bienveillance ici. C’est pour ça que je suis venu, et c’est pour ça que je reste. On peut être soi-même, parler de ses difficultés sans crainte, et surtout être reconnu pour ce qu’on apporte. Chez Stonal, ce n’est pas la forme qui prime, c’est le fond, la valeur ajoutée.
Je me sens aligné avec cette approche. On valorise la compétence, l’engagement et la capacité à trouver des solutions — et ça, c’est un terrain où je me sens à ma place.
Et je veux d’ailleurs remercier Michel, qui m’a recruté chez Stonal. Il a su voir au-delà de ma dyslexie : il a vu la personne et les compétences. Cette confiance, dès le départ, a tout changé pour moi. Quand quelqu’un croit en toi sans te réduire à ta différence, tu donnes forcément le meilleur de toi-même.
Et un immense merci aussi à Robin, qui m’a renouvelé sa confiance au fil des années. Jusqu’à venir me proposer une place au Comité de direction de Stonal. Ce geste, c’est plus qu’une reconnaissance professionnelle — c’est la preuve qu’on peut transformer une différence en une vraie force de leadership.
Les outils numériques t’aident-ils aujourd’hui dans ton quotidien professionnel ?
Oui, énormément. Aujourd’hui, il existe des outils incroyables pour accompagner les personnes dyslexiques : correcteurs intelligents, synthèse vocale, logiciels de dictée… Et surtout, l’intelligence artificielle, qui est un formidable allié.
L’IA m’aide à formuler, à structurer mes idées, à reformuler mes textes plus rapidement. Ce n’est pas de la triche, c’est une aide à l’expression. Ça fait gagner du temps et ça me permet de me concentrer sur le fond, là où je suis le plus à l’aise.
Mais ce qui m’aide encore plus que les outils, c’est la bienveillance de mes collègues — un merci particulier à Jérémie, toujours présent avec patience et humour — et la compréhension de nos clients.
Le regard des autres change tout : quand les gens t’écoutent, te font confiance et t’accordent le temps d’expliquer, tout devient plus fluide. L’inclusion, ce n’est pas qu’une question de technologie, c’est surtout une question d’attitude.
Quel message aimerais-tu faire passer à d’autres personnes dyslexiques ou en situation de différence ?
Ne laissez pas votre différence vous définir négativement. Elle peut devenir un levier incroyable si vous apprenez à la comprendre et à en faire une force. J’ai longtemps pensé que c’était un handicap ; aujourd’hui, c’est clairement une partie de mon identité professionnelle.
Et surtout, entourez-vous de gens bienveillants, qui voient votre potentiel avant vos limites. Parce que quand on vous fait confiance, tout devient possible.